3dHubs va-t-il prendre une claque ?
Toute l’année 2014, les entreprises cotées en bourse dans le domaine de l’impression 3D ont vu leurs actions chuter. Même le géant Stratasys a montré quelques défaillances en ce début d’année. Et pourtant, pendant ce temps, 3dHubs navigue à contre-courant et lève plus de $4 millions !
Même si je crois beaucoup au potentiel professionnel de la fabrication digitale, je ne crois pas 1 seconde au modèle proposé par 3dHubs : je reste persuadé que le marché convoité par mes confrères néerlandais n’existe pas !
Le modèle collaboratif de 3dHubs
Hubs (alias 3dHubs) est un site web basé sur l’économie collaborative. Il met en relation des propriétaires de machines et des individus ayant besoin d’imprimer en 3D. Et prend une commission de 15% au passage. Le site web est joli, ergonomique, et moderne. Sur la forme, ça a l’air génial.
Mais… pour répondre à quel véritable besoin ?
Qui a besoin de 3dHubs ?
Quand on passe par Blablacar, Drivy, Zilok ou LaMachineDuVoisin, c’est parce qu’on a un besoin simple : besoin d’une voiture, d’une perceuse ou de se déplacer quelque part. Les services de ces différentes plateformes collaboratives ont une valeur d’usage.
Dans le cas de 3dHubs, pourquoi irait-on sur ce site ? Forcément, pour fabriquer un objet en impression 3D. Mais pour quel besoin ? A part fabriquer un petit canard jaune rainuré et en plastique, je ne vois pas :
- 99% des machines recensées sur 3dHubs se limitent à l’impression 3D à dépôt de fil de plastique : il s’agit de machines « grand public » qui fabriquent des objets rainurés, de mauvaise qualité.
- Parmi les prestataires recensés, il y a très peu de vrais professionnels. On trouve essentiellement des fablabs et des geeks, renommés makers pour l’occasion.
Les industriels équipés de parc de machines n’ont pas besoin de 3dHubs pour trouver du business. J’en tiens pour preuve que mes confrères Sculptéo, Crésilas ou encore FabZat sont absents de ce site, ce qui ne les empêche pas de faire tourner leurs activités ! Le modèle économique de 3dHubs serait donc le C2C, voire le C2B. Mais ces marchés existent t-il… ?
Faut-il faire le deuil de l’impression grand public ?
En Mai 2014, Eric Carreel (co-fondateur de Sculptéo) annonçait à la Tribune que « le marché [de l’impression 3D] grand public [est] moins important que prévu » et que « la croissance passera par le B2B ». J’ai fait exactement le même constat, j’en parlais déjà précédemment. Seule la démocratisation de l’impression 3D près du grand public, avec des valeurs et des cas d’usages réels permettra de développer ce marché. D’ailleurs, Leroy Merlin a annoncé hier un partenariat avec le seul fablab rentable au monde, Techshop, pour l’accompagner dans l’encadrement de ses propres ateliers ouverts au grand public. Autant vous dire que les autres fablabs vont rencontrer des problèmes économiques prochainement s’il ne trouvent pas d’idée d’innovation…
Comment 3dHubs a-t-il réussi à lever autant d’argent ?
Je n’ai qu’une seule explication à ce montant astronomique qui a été investi dans 3dHubs : les porteurs du projet ont surfé sur les légendes urbaines véhiculées par les médias ! Pour revenir sur le modèle « C2B », il est possible que 3dHubs fasse le pari de la relocalisation de la fabrication. En effet, l’impression 3D peut être utilisée comme « fax 3D », comme s’est amusé à le tester la Nasa récemment, en envoyant un fichier 3D par e-mail, lequel a pu être fabriqué directement dans la station spatiale. J’imagine que 3dHubs fait le pari du home-made et de la fabrication directement chez le client. C’est joli sur le papier, mais dans les faits, la fabrication digitale ne permet pas de tout faire ! J’ai envie de croire qu’un jour on vivra selon un modèle de société où tout sera conçu à la demande par fabrication digitale. Mais j’ai peur que cet avenir soit très lointain et que 3dHubs ne se soit lancé beaucoup trop tôt !
A l’image du web au début des années 2000, nous sommes partis pour vivre une nouvelle bulle, celle de l’impression 3D. Si la levée de fonds de 3dHubs aura permis des embauches et de créer une dynamique positive, c’est le seul mérite que je pourrai attribuer à ses fondateurs.
Il existe aussi des services comme 3DonD.com basés sur un modèle proche de 3d, mais qui a l’inverse de ce dernier accompagne la demande client, la qualifie et sélectionne pour le client la meilleure offre.
En plus de l’impression 3D il est possible de demander que la conception 3D soit réalisée, il y a toutes les technologies d’impression 3D disponibles sur la plateforme, pas seulement le dépôt de fil.
Un service à suivre de près donc !
Merci Marc pour ton commentaire : je ne connaissais pas ce site. Le tien ?
Si tes services ne se limitent pas qu’au FDM, mais surtout que ton offre apporte une véritable valeur ajoutée… alors oui, affaire à suivre ;-)
Je te laissr visiter ! c’est encore assez vide mais ca va bouger si la france nous laissse avancer….
Effectivement le public ciblé, en l’occurrence les particuliers est un choix un peu douteux. Cependant il est vrai que certaines personnes pourraient recourir à ces services : étudiants universitaires, porteurs de projets voulant tester un prototype. Selon moi le prototypage de pièces 3D se concentre pour le moment surtout pour les professionnels.