Faut-il (vraiment) apprendre l’impression 3D à l’école ?
Voilà une question insidieuse qui sous-entend que les technologies d’impression 3D seraient plus importantes que d’autres technologies ! De nombreux blogs en parlaient récemment. A l’origine, Croft Additive Manufacturing, un acteur de l’impression 3D britannique, nous déclare que 93% des anglais sont pour la formation à l’impression 3D dès le plus jeune âge.
C’est malin de profiter d’une période de buzz pour faire passer ses idées. On aurait pu poser la question 10 ans plus tôt, quand cela s’appelait encore « prototypage rapide ». Laissons de côté l’émotion, faisons place à la réflexion : l’impression 3D à l’école, pourquoi faire ?
Pas besoin d’en faire tout un foin
Admettons que je m’appelle Google et que je demande aux parents : « Pensez-vous que les enfants devraient apprendre à coder dès le plus jeune âge ? ». A moins de ne pas vivre dans le même monde, je ne connais pas beaucoup de parents qui refuseraient ! Et pourtant, je ne connais pas beaucoup d’écoles primaires ou de collèges qui sensibilisent à la programmation informatique. Sachant que l’impression 3D est encore en pleine période de buzz médiatique, je doute que les parents aient répondu au sondage en véritable connaissance de cause. Savent-ils au moins ce qu’est l’impression 3D ?
Apprendre à développer sa créativité
Comme je le décris dans mon précédent article, l’impression 3D est un terme générique qui regroupe plusieurs méthodes de fabrication digitale. Si on explique l’impression 3D au collège, les enseignants se limiteront très certainement à la technique du dépôt de filament (FDM ou FFF). Cet enseignement n’aura alors d’autres sens que de sensibiliser à la fabrication d’un objet et de faire découvrir une technologie. A l’école primaire, on s’amuse, on est créatifs : on dessine, on chante, on joue à la pâte à modeler. Si apprendre à utiliser une imprimante 3D dès le plus jeune âge développe davantage encore la curiosité et la créativité, tous les parents (sauf les plus écolos ?) seront forcément d’accords !
En France d’ailleurs, il y a déjà eu de telles actions : mes confrères de CKAB ont installé des imprimantes 3D à Numa, le temps d’un cours pour des collégiens. C’est fun, et si ça leur permet de générer un peu de chiffre d’affaires, alors tant mieux.
Quels fondamentaux faut-il pour imprimer en 3D ?
Une imprimante 3D, c’est quoi finalement ? Simplement une machine bourrée d’électronique, et surtout d’informatique. Et pour pouvoir l’utiliser, il faut être capable de modéliser un fichier en 3D sur ordinateur. Blokify répond à ce besoin en fournissant un logiciel de modélisation 3D simple à destination des enfants. Ainsi, ils vont apprendre à utiliser un ordinateur, pour y dessiner un dessin en 3 dimensions. Puis ils cliqueront sur « imprimer » pour concevoir l’objet automatiquement.
Tout ça c’est très bien ! Reste à espérer que cela n’en fera pas une génération totalement geek qui restera devant son écran à fabriquer des objets, au point d’en perdre ses capacités manuelles. Autrement dit : l’impression 3D devrait occuper moins de temps qu’apprendre à dessiner, jouer à la pâte à modeler… et apprendre à écrire ! On parle donc d’un loisir, un peu coûteux, mais pas fondamental. De ce fait, faut-il vraiment lancer un débat sur la question de l’enseignement ludique de l’impression 3D à l’école ??
Est-ce une priorité ?
Avec l’école 42 en France, à initiative de Xavier Niel, nous avons enfin compris que le développement informatique est une science fondamentale de nos jours. Tout ce qui nous entoure aujourd’hui contient des lignes de codes. Et il faut bien des gens compétents pour les écrire ! Que mes enfants fassent « joujou » avec une imprimante 3D à l’école primaire, peu importe, tant qu’ils apprennent ensuite à coder et à mettre les mains dans le « cœur » des machines.
J’ai déjà eu cet échange avec Jean-Louis Constanza lors d’un Digital Business Day : les métiers d’avenir sont les métiers à dimensions techniques, car la technique est capable de supplanter de nombreuses tâches en les automatisant.
Par exemple, une agence web agréée Adwords a besoin de personnels qualifiés pour analyser et croiser des données clients, afin de les conseiller au mieux dans leurs campagnes d’achat d’espaces. Depuis, AdQuantic est passé par là : grâce aux mathématiques, cette entreprise a codé des algorithmes d’automatisation et d’optimisation des campagnes SEM. Les meilleurs marketeurs deviennent des profils à double compétence commerciale et technique !
L’impression 3D à l’école, c’est rigolo. Mais soyons sérieux 2 minutes : si on veut que nos gamins soient prêts pour le futur, il faut développer leurs capacités créatives et techniques. Et parmi les technologies actuelles, s’il y a en a 1 fondamentale à retenir, et que les enfants devraient apprendre dès le plus jeune âge, et pas qu’optionnellement : c’est le développement informatique ! Et vous, qu’en pensez-vous ?
Bonjour,
la question ne se pose même pas ce n’est pas comme si c’était une priorité pour l’éducation de nos enfants.
La question sous-entend que le sujet est sur le tapis or ce n’est clairement pas le cas ni en France ni ailleurs je présume. (contrairement à l’enseignement du code…)
Pourquoi écrire tout un article sur un fait qui n’est pas d’actualité et qui n’intéresse sûrement qu’une oligarchie fanatique de l’impression 3D ? Pourquoi soulever des questions qui ne se posent même pas ? L’article aurait pu être résumé en 2 lignes, sujet qui se perd et qui n’apprend rien.
Cordialement,
J.
Bonjour Jamy.
D’accord avec toi : ce n’est pas une priorité.
Pourtant ce sujet a fait débat en Grande-Bretagne, en Chine … et en France !
Voici quelques sources auxquelles je faisais référence :
CHINE : http://sciencepost.fr/2015/02/la-chine-lance-la-premiere-ecole-dimpression-3d-au-monde/
GRANDE-BRETAGNE : http://www.3dnatives.com/limpression-3d-a-lecole-cest-pour-quand/
FRANCE : http://www.usine-digitale.fr/article/francois-hollande-place-la-rentree-scolaire-sous-le-signe-du-numerique-et-de-l-impression-3d.N281509
Dans l’article de l’usine-digitale,
on apprend que « François Hollande place la rentrée scolaire 2014-2015 sous le signe du numérique et de l’impression 3D ».
Certainement un effet d’annonce… mais le débat a bien (eu) lieu ;-)
Merci pour ce partage, c’est pas mal du tout. Je m’occupe de la partie actu pour la ville de la Rochelle et je ne vais pas hésiter à relayer votre article. Cordialement.